Du 21 au 25 janvier 2004 le Forum économique mondial (WEF) se réunira une fois de plus pour sa rencontre annuelle à Davos. Mais cette rencontre ne se déroulera pas aussi tranquillement que le souhaitent les grands pontes du WEF : ces dernières années, de plus en plus de personnes ont commencé à résister contre le WEF et à ses structures de pouvoir. Ces protestations vont se poursuivre en janvier 2004.

Du 21 au 25 janvier 2004 le Forum économique mondial (WEF) se réunira une fois de plus pour sa rencontre annuelle à Davos. Mais cette rencontre ne se déroulera pas aussi tranquillement que le souhaitent les grands pontes du WEF : ces dernières années, de plus en plus de personnes ont commencé à résister contre le WEF et à ses structures de pouvoir. Ces protestations vont se poursuivre en janvier 2004.

Le WEF – comme la totalité de la politique néolibérale – est entré en crise. LE WEF essaie de la surmonter en intégrant des Organisations non gouvernementales (ONG) et en proposant des forums de discussions publics pour se conférer ainsi une légitimité. En parallèle, les protestations sont rendues plus difficiles et criminalisées par le biais de mobilisations policières et militaires massives. Le Conseil fédéral prend sans réserve le parti du WEF et diffame toute personne critique en la qualifiant de « casseur violent ». Par ce biais ? outre l’immense déploiement des forces policières de tous les cantons et d’Allemagne – l’intervention de soldats toujours plus nombreux contre la population est légitimée. Nous rejetons la militarisation des conflits imposée par les puissants, autant que nous rejetons le WEF lui-même.

Il est légitime et nécessaire de s’opposer à la rencontre annuelle élitaire des plus puissants et influents dans l’arrière-pays davosien. Et il est possible d’empêcher les exploiteurs de cette planète de faire main basse sur l’ensemble des ressources et leur distribution. Ces dernières années, les milieux libertaires, communistes, féministes et autonomes, mais également de nombreux mouvements oecuméniques, écologiques, syndicaux et de défense des droits humains en Suisse et dans les pays voisins, se sont organisés pour empêcher la tenue du WEF et s’opposer à la politique qu’il propage.

Malgré les interdictions et la criminalisation des mouvements, il y a toujours eu au cours de ces dix dernières années des manifestations réussies à Davos. En janvier 2002, nous avons chassé le WEF à New York. En janvier 2003, malgré une pression énorme, nous avons prouvé notre solidarité en refusant les contrôles d’identité dans les couloirs de Fideris. Le samedi 24 janvier il y aura probablement de nouveau une manifestation à Davos. Comme les autorités n’ont pas l’intention d’autoriser une contestation sans que des obligations absurdes soient respectées, une grande manifestation accessible à tou-te-s à Davos est de fait rendue impossible. C’est pourquoi en janvier 04 différentes manifestations contre le WEF auront également lieu en dehors de Davos, notamment à Coire.
Bloquons le WEF !
Nous pensons que des manifestations contre le WEF sont importantes et méritent notre soutien même si elles ont lieu loin du rendez-vous des « global leaders » autoproclamés. Il ne nous suffit pourtant pas d’exprimer ainsi notre dédain envers les entreprises transnationales membres du WEF, qui sont de plus en plus impliquées dans toutes les décisions prises dans les sphères politiques, géographiques et sociales de la planète.

Pour faire un pas supplémentaire et déranger durablement le WEF, nous appelons également à des actions de blocages. Nous faisons ceci en tant que membre du « réseau de blocages Mafalda » qui rassemble de nombreux groupes différents avec une base d’action commune. Le mercredi 21 janvier ? jour d’ouverture de la rencontre du WEF ? nous voulons bloquer les routes utilisées par les participant-e-s du WEF et retarder aussi longtemps que possible leur arrivée à Davos. La majorité des 3000 participant-e-s au WEF va se rendre à Davos via l’aéroport de Zurich-Kloten. De là, la plupart d’entre eux/elles continuent leur chemin en limousines, cars, et en hélicoptères pour les personnages les plus « importants ».

Nous sommes d’avis que des blocages décentralisés constituent une réponse politique adéquate et mobilisatrice dans ce contexte. De nombreuses personnes peuvent ainsi montrer leur opposition au WEF de manières différentes, avec leurs propres créativité et idées. Si de nombreuses actions de blocages ont lieu, le dispositif de sécurité de la police et de l’armée peut se retrouver dépassé.

Des blocages dans le cadre d’une mobilisation publique sont plutôt inhabituels pour la Suisse. Nous appelons à réaliser cette forme de résistance d’une manière impertinente, diverse, consciente et pleine de joie en se moquant des pantins au pouvoir ! Nous ne voulons en aucun cas risquer que des personnes soient blessées ou qu’un accident soit provoqué. Pour cela, les actions de blocages doivent être soigneusement préparées, réfléchies, et menées de manière responsable.

Notre but n’est pas seulement de bloquer Davos même, qui est fortement militarisé et en état de siège durant le sommet, mais d’étendre cette tactique partout sur la route qui relie Zurich-Kloten à Davos. Nous avons la volonté d’impliquer, sous le plus de formes possibles, le plus de personnes possible. Prenez contact avec vos ami-e-s, voisin-e-s, collègues de travail ou copain-copine et formez des groupes affinitaires afin de bloquer le voyage des participant-e-s du WEF et les empêcher ainsi de rejoindre la grande messe du capitalisme.

Il est important que chaque groupe discute collectivement de son but et des moyens qu’il a envie de mettre en oeuvre pour l’atteindre. Des cadres de références sont à respecter et à ne pas dépasser. Pour que le blocage soit efficace et éviter des incidents, il est important de savoir ce que les gens font à l’intérieur du groupe. Pour la réussite de votre plan, il est important que chaque participant-e prenne une attitude responsable envers les autres membres, ceci également pour éviter des situations où les gens seraient isolés ou blessés. Si le groupe est bien préparé, la sécurité personnelle est bien mieux assurée. Il peut être d’une importance vitale de préparer une trousse de secours et de prévoir des moyens de se sécuriser pour certaines actions, par exemple lorsqu’une personne veut se suspendre à un pont. De même, il faut éviter le plus possible de se mettre en situation où sa vie serait totalement entre les mains de la police. C’est à vous de décider ce que vous voulez faire et ce que vous pouvez prendre en charge. Beaucoup de choses sont réalisables mais réfléchissez à l’avance aux développements et conséquences possibles. Soyez conscient-e-s de ce que vous voulez faire et des moyens dont vous avez besoin. Sécurisez-vous. Cette année aussi il y aura des structures anti-répression et de solidarité en soutien si nécessaire. Mais vous êtes seul-e-s responsables et aptes à décider de vos actions. Si vous faites des blocages en petit groupe, avertissez une personne de confiance à l’extérieur, qui en cas de difficulté pourra avertir une structure anti-répression. Organisez-vous localement et/ou participez aux réunions de préparation qui auront lieu un peu partout en Suisse. Devenez active/f et rassemblez-vous avec d’autres personnes pour créer ou rejoindre des blocages.
Exemples de blocages
Une résistance active et diverse permet une multitude de blocages qui n’entraînent pas nécessairement un danger, une arrestation ou une blessure. Des groupes peuvent se revendiquer de la désobéissance civile, qui ne table pas sur l’offensivité, par exemple. Il est possible de participer à des blocages annoncés publiquement ou de faire des petits blocages auto-organisés et pas annoncés.

  •  il est possible, par exemple, de traverser sans interruption, l’un-e après l’autre, un passage à piéton-ne-s. Quoi de plus légitime ?

  •  une chose très sympathique, et qui allie la lutte contre la pollution, est d’appeler à une critical mass à vélo, en trottinette, ou roller. Promenez-vous dans votre ville, votre campagne, votre région (ou quelque part entre Zurich et Davos) et respirez le bon air frais sans voiture ! (www.criticalmass.ch)

  •  il est également possible de coller des autocollants sur tous les feux aux carrefours : un autocollant rouge sur le feu rouge, 2 noirs sur les autres couleurs. Intéressant, non ?

  •  vous pouvez faire un sit-in sur une route importante qui mène à Davos. Si le groupe est mobile, le ralentissement peut être très efficace.

  •  l’exemple des blocages « Castor », mouvement qui résiste aux transports des déchets nucléaires en Allemagne, peut être repris.

  •  vous pouvez bloquer les communications d’une institution ou d’une personne participant au WEF en leur téléphonant sans arrêt. Vous pouvez aussi vous donner une tranche horaire et tout-e-s vous rendre sur le site internet du WEF pour le bloquer, ou envoyer des centaines de courriers électroniques à des entreprises participant au WEF. (www.no-wef.ch.vu/)

  •  il est possible de bloquer la police et l’armée quand ils quittent nos cantons pour aller protéger les leaders autoproclamés à Davos.

    Ce ne sont que quelques exemples pour des actions efficaces, il y en a encore beaucoup d’autres. Dans différents endroits il y aura des réunions et des ateliers pour préparer les blocages. Renseignez-vous et participez-y ! La communication entre les différents groupes est extrêmement importante. Utilisez vos contacts pour diffuser ou obtenir des informations ! Préparez maintenant déjà des possibilités de contacts pour que les personnes intéressées puissent s’informer. Désignez des gens à l’intérieur de vos groupes afin qu’ils s’en occupent. Organisez-vous localement et prenez part aux réunions de préparation. Participez à la construction d’un réseau de coordination et de communication. Plus il y aura d’actions liées, plus nos blocages seront forts et divers.
    World Exploitation Forum
    Le WEF est une fondation dont le siège est à Genève. En sont membres les 1000 plus grosses multinationales du monde. Le WEF est ainsi le lobby des entreprises les plus puissantes, dont le but suprême est le profit maximum. Fin janvier le WEF se réunit à Davos depuis 1971. En plus des membres des conseils d’administration et des topmanagers des entreprises membres, une sélection triée sur le volet de chefs d’Etat, de scientifiques, rédacteurs/trices en chef, artistes et quelques représentant-e-s d’ONG y est également invitée. En tout, 3000 participants et très peu de participantes se réunissent fin janvier, tou-te-s honoré-e-s du titre de « global leaders » par l’invitation personnelle du fondateur et grand gourou du WEF, Klaus Schwab. Ils sont accompagné-e-s par des milliers de gens en armes de tout acabit.

    Le WEF est l’un des « think tanks » de la globalisation néolibérale. Lors de la rencontre annuelle à Davos, grande messe du capitalisme, les participant-e-s abordent d’une part toute une série de thèmes lors des sessions, d’autre part les politicien-ne-s et les représentants de l’économie les plus influents, et de plus en plus fréquemment avec des stars de l’industrie du divertissement, ont l’occasion de se pâmer dans la lumière des flash des médias. Mais ce qui fait le succès et la signification du WEF, ce ne sont pas les rencontres devant les caméras ou les discussions lors des sessions, mais les rencontres informelles des partenaires de business dans les arrières-salles, les bars et – pourquoi pas ? dans les saunas des hôtels. Là, des stratégies et des plans de gouvernance et d’exploitation du monde sont concoctés et des accords passés quant aux marchés les plus rentables. Ainsi sont créées les conditions préalables pour des plans d’action qui seront plus tard repris par les institutions de Bretton Woods (FMI, Banque Mondial), de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ou des gouvernements.

    Le WEF regroupe en son sein un pouvoir structurel énorme qui garantit les intérêts des « global leaders » à tous les niveaux : l’appropriation des moyens de production pour les plus nantis, l’exploitation des ressources naturelles dans l’intérêt des directions des multinationales sans égard pour les conséquences écologiques, la reconstruction des économies et infrastructures détruites par les guerres impérialistes, l’élimination d’« obstacles commerciaux » comme l’organisation syndicale, et l’appropriation du travail des femmes. Patriarcat et capitalisme étant fortement liés, on comprend mieux pourquoi les femmes sont si peu représentées au WEF. Il leur reste le nettoyage des chambres d’hôtel ou la prostitution de luxe au service de ces messieurs du WEF.
    Quelques exemples de thèmes qui seront ou ont été traités dans le cadre du WEF :

  •  lancement de l’»Uruguay Round» du GATT (The General Agreement on Tariffs and Trade), qui a abouti à la création de l’OMC (Organisation mondiale du commerce).

  •  le WEF a rendu possible les discussions préliminaires en vue de créer l’ALENA (Accord de libre-échange Nord-américain) qui est la pierre angulaire dans le processus global de libéralisation en Amérique du Nord. C’est lors de son introduction que se sont soulevé-e-s les zapatistes le 1er janvier 1994 et qui fêtent en janvier les 10 ans de leur insurrection contre le néolibéralisme et pour l’humanité .

  •  des discussions quant à la réalisation (jusqu’à présent tenue en échec) de l’AMI (Accord multilatéral sur l’investissement).

  •  la privatisation de l’eau, respectivement la répartition des droits de son utilisation. Des sources jusqu’alors publiques sont privatisées. De grandes multinationales comme Nestlé, dont le siège est à Vevey, sont en train de s’assurer leurs parts de sources d’eau au niveau mondial (comme ça s’est passé à Cochabamba en Bolivie, mais le peuple s’est soulevé et la gouvernement a dû reculer).

  •  la privatisation de l’éducation et de la formation : voilà deux secteurs économiques aux mains de collectivités (Etat, ville, quartier…) qui ne dégagent aucun profit économique. Passée entre les mains de l’économie concurrentielle, la gestion de ces deux secteurs sera soumise au critère principal de notre époque : la rentabilité maximale, des économies sur la qualité des services et une inégalité d’accès au savoir de plus en plus marquée (par exemple, le processus de Bologne).

  •  le lancement et la consolidation des plans « Plan Colombia » et « Plan Puebla Panama » qui contiennent entre autres la libéralisation continue de l’économie, la militarisation de la société et simultanément la destruction de la prévoyance sociale au Mexique, en Amérique centrale et en Colombie.

  •  différents projets de barrages immenses comme GAP (en Turkie), Narmada (en Inde), Bio Bio (au Chili) signifiant le déplacement de milliers de personnes et une intervention massive sur l’environnement (le profit de toutes ces affaires ne revenant évidemment pas à l’économie locale, mais retournent dans les pays riches).

  •  les acquis sociaux sont un frein à la rentabilité. Nous voyons depuis quelques années les résultats des luttes du début du siècle remis en cause : hausse de l’âge de la retraite, réduction des allocations de chômage.

    Good Bye, Mister Schwab
    Depuis dix ans le WEF à Davos est confronté à des manifestations et une critique croissantes. Le mouvement de protestation internationale qui s’est développé durant cette période ne peut plus être ignoré. Acculés à se légitimer et confrontés à la revendication de la dissolution de leur club, les dirigeants genevois du WEF ont réagi avec une stratégie d’intégration. La nouvelle formule magique s’appelle « Dialogue » et se matérialise dans l’« Open Forum » mis sur pied par les relations publiques du WEF. Parallèlement à la rencontre annuelle dans le bunker du centre de congrès de Davos, quelques « Global Leaders » de l’économie dialoguent maintenant dans l’Aula de l’école secondaire avec des milieux prétendument critiques provenant des ONG et de l’église. La population de Davos et les journalistes des médias bourgeois ont le droit de servir de public. Pour la première fois le WEF a organisé l’« Open Forum » lors de la rencontre de l’année passée, sous le nom prometteur de « Building Trust » (bâtir la confiance). L’« Open Forum » veut suggérer que seront exclusivement prises au sérieux les ONG qui se plient à toutes les conditions du WEF, à savoir jouer au faire-valoir et être prêtes à devenir des partenaires de dialogue pour rétablir l’image mise à mal du WEF.

    Nous continuerons à placer notre confiance dans les luttes sociales et dans les structures auto-organisées. La répartition des richesses ne sera pas atteinte par un dialogue avec les messieurs les plus riches et puissants du monde en les priant de laisser quelques miettes supplémentaires pour les plus pauvres.

    Le WEF est un club élitaire qui n’a aucune légitimité démocratique ou sociale et qui doit être anéanti ! C’est pour cela que nous refusons le dialogue avec le WEF et appelons toutes les organisations d’entraide, de solidarité, de femmes, écologistes, oecuméniques et les syndicats à refuser les offres de dialogue de la part des responsables du WEF et à boycotter l’« Open Forum ». Participons plutôt aux actions de protestations diverses qui ont comme but un autre monde !

    Coordination anti-OMC de Suisse

    Adresses d’infos :
    www.squat.net/contre-attaque
    www.indymedia.ch
    www.antirep.ch