by juivesetjuifsrevolutionnaires
Le 9 janvier 2015, 4 Juifs, Yohan Cohen, Yoav Hattab, Philippe Braham et François-Michel Saada, sont assassinés au cours de la prise d'otages de l'HyperCasher de la porte de Vincennes par Amedy Coulibaly, militant takfiri se réclamant de Daesh. 4 autres personnes seront blessées pendant cette prise d'otage.
Nous rendons hommage aux victimes de ce massacre antisémite et à leur famille.
Nous n'oublions pas, nous ne pardonnons pas !
Nous tenons aussi à saluer une fois encore l'héroïsme de Lassana Bathily, qui sauvait la vie à quatre personnes en risquant la sienne.
https://twitter.com/CGTrelinternac/status/686077440645558272
Ce massacre a succédé à celui de l’école Ozar Hatorah de Toulouse et à celui du musée juif de Bruxelles. Malheureusement, ni l’un ni l’autre ni le troisième n’ont suscité de grand mouvement populaire de protestation, contrairement aux attentats de Charlie Hebdo. Cette situation met en lumière la banalisation de la violence antisémite en France.
Ce massacre a succédé à celui de l’école Ozar Hatorah de Toulouse et à celui du musée juif de Bruxelles. Malheureusement, ni l’un ni l’autre ni le troisième n’ont suscité de grand mouvement populaire de protestation, contrairement aux attentats de Charlie Hebdo. Cette situation met en lumière la banalisation de la violence antisémite en France. Elle met aussi en évidence les effets de la division structurelle de la société entre majorité nationale (blanche et de culture chrétienne en France) et minorités nationales, sous l’effet du discours nationaliste, qui définie celles et ceux qui appartiennent «naturellement» au corps national et auxquelLEs il est évident de s’identifier comme des «semblables» lorsqu’on appartient à la majorité nationale.
A ce propos, il est intéressant de constater le fait qu’une fois encore, l’appartenance des Juives et des Juifs au corps national français ne semble aller de soi pour personne, étant donné que Valls comme Netanyahou l’ont mise en doute immédiatement après les attentats.
Les violences antisémites ont toujours, au cours de l’histoire, été précédées par les mots. Les discours antisémites précèdent, encouragent et justifient le passage à l’acte dont la minorité juive est victime. Les vieux mythes du « complot juif », du « pouvoir occulte » et des « Juifs assassins d’enfants », développés en Europe par les théoriciens du racisme, du suprémacisme blanc et du nationalisme européen, ont été remis au goût du jour par des propagandistes dont le fond de commerce est de désigner les Juives et les Juifs comme bouc-émissaires en lieu et place de la bourgeoisie et du pouvoir colonial. Cela se traduit, particulièrement en période de crise, par une explosion des violences antisémites. Les courants takfiris, tels que Daesh, peuvent ainsi recruter sur ce terreau fertile, profitant de l’antisémitisme structurel en France et en Europe, qu’ils remobilisent l’antisémitisme européen en l’habillant de références religieuses antijuives. L’un des théoriciens les plus connus des takfiris, Sayyid Qutb, a ainsi intégré des pans entiers de l’antisémitisme européen dans sa théorie politique, s’inspirant en grande partie des écrits d’Alexis Carrel.
C’est donc en partie le vieux fond antisémite colonial qui a créé un terreau fertile au recrutement d’Amedy Coulibaly par les néo-fascistes de Daesh. Ce vieux fond antisémite qui, chez les takfiris comme leurs alter-egos nationalistes européens, désigne les Juives et les Juifs comme détenteurs du pouvoir économique et politique à l’échelle mondiale, les désigne comme responsables de la misère et des guerres en lieu et place de la bourgeoisie et des États.
Contre l’antisémitisme, la lutte est aujourd’hui comme hier, plus que nécessaire.
Pour être efficace, celle-ci doit identifier les sources réelles de l’antisémitisme et le rôle que ce dernier joue dans le maintien de l’ordre capitaliste et colonial.
Car c’est ce rôle qui explique qu’il reste promu par des pans de la bourgeoisie, qui mobilisent ainsi dans une logique raciste des franges du prolétariat pour les détourner d’une remise en cause de leur domination de classe.
En ce sens, nous pensons que se ranger derrière les institutions de l’État français en pensant qu’elles assureront une protection à la minorité juive est une grave erreur. D’abord parce que l’État et la bourgeoisie française n’hésiterons pas une seule seconde à sacrifier la minorité juive à la terreur raciste, s’ils en sentent le besoin, comme par le passé : rappelons nous qui a voté les pleins pouvoirs à Pétain. Ensuite parce que pour briser l’antisémitisme, il faut s’attaquer autant aux discours qui le justifient qu’aux bases sociales capitalistes sur lesquelles il prospère.
De même, les courants sionistes, qui présentent comme stratégie aux Juives et aux Juifs le soutien à une entreprise nationaliste et coloniale, sont également pour nous une impasse : ils contribuent à renforcer l’isolement de la minorité nationale juive. Ils représentent une stratégie de fuite plutôt que de combat, ici et maintenant, contre l’antisémitisme.
La solution pour nous reste celle de la lutte de classe, qui permet de revisibiliser la bourgeoisie que le discours antisémite invisibilise en désignant les Juives et Juifs comme pseudo classe dominante. L’autodéfense juive, et plus largement antiraciste et prolétarienne. La lutte révolutionnaire internationale.
A ce titre, nous ne pouvons que rendre également hommage également à Sakine Cansez, Leila Söleymez, Fidan Dogan, assassinées deux ans plus tot exactement, le 9 janvier 2013, par un militant fasciste mandaté par les services secrets turcs de l’État AKP, ce même État AKP qui soutient Daesh, notamment dans sa sale guerre contre les kurdes.
Juives et Juifs, ni la République ni le sionisme ne sont des solutions contre l’antisémitisme. Ensemble pour l’autodéfense antiraciste, l’unité des opprimé-e-s et la révolution sociale !